Série - Arlequins dans l'Art

Florilège des plus beaux arlequins modernes et contemporains !

Antoine Watteau, "Mezzetin", 1718.

Mezzetin est un personnage de comédie. C’est une des variétés d’Arlequin. Angelo Costantini, né à Vérone vers 1655 et mort en 1730, avait été engagé dans l’ancienne troupe italienne de Paris, pour doubler le fameux Dominique, qui s’était acquis une si grande popularité dans le rôle d’Arlequin. Pour échapper à une comparaison accablante, Costantini imagina de renouveler l’emploi en faisant un Arlequin moitié aventurier, moitié valet, qu’il appela Mezzetin, pour exprimer ce mélange.

Edgar Degas, "Arlequin jaune", 1884. 

Edgar Degas, "Arlequin et Colombine", 1886.

Paul Cézanne, "Mardi Gras ou Pierrot et Arlequin", 1888.

Ce tableau représente le fils de l'artiste Paul avec son ami Louis Guillaume déguisés en Pierrot et Arlequin pour le mardi gras dans l'atelier de la rue du Val-de-Grâce. Ce qui est remarquable dans cette peinture c'est de retrouver le "style" Cézanne principalement dans les fond et les détails ce n'est qu'en regardant de près l'œuvre et surtout les visages qu'on découvre toute la modernité du peintre de la Montagne Saint Victoire. Paul Durand-Ruel vend cette œuvre au collectionneur Sergueï Chtchoukine en 1904. Elle sera confisquée par les bolchéviques après la révolution d'Octobre et transférée en 1918 au musée du nouvel art occidental de Moscou puis en 1948 à l'Ermitage.

Paul Cézanne, "Étude pour l'Arlequin dans Mardi Gras", 1888.

Mardi gras est une fête qui marque en apothéose la fin de la semaine des sept jours gras autrefois appelés jours charnels (ça on aime mieux comme terme). Cette période pendant laquelle on festoie précède le mercredi des Cendres marquant le début du Carême. Les festivités associées au carnaval précèdent dans la tradition chrétienne l'entrée dans le Carême pendant lequel le chrétien mange "maigre" en s'abstenant notamment de viande ; d'où l'étymologie du mot "carnaval" qui dérive du latin médiéval "carnelevare" signifiant "enlever retirer la chair" c'est-à-dire "retirer la viande" de la table dont elle restera absente durant tout le carême.

 Paul Cézanne ,"Arlequin",1890.

Edward Hopper, "Harlequin and Lady in Evening Dress", 1900.

Pour Picasso 1901 est marquée par la mort de son ami Carles Casagemas avec qui il avait partagé un atelier et les nuits parisiennes lors de son premier séjour. Dans ses peintures Pablo Picasso  introduit des cernes sombres et des aplats de couleur la figure d'Arlequin pensive et mélancolique apparaît. Tout comme le bleu que lui a inspiré la mort de son ami et qui petit à petit envahit la toile.

Pablo Picasso,"Au Lapin Agile", 1905.

 

Pablo Picasso, "Arlequin", 1915. 

Juan Gris, "Arlequin à la guitare", 1919.

Emil Nolde, "Danseur et Arlequin", 1920. 

 Pablo Picasso, "Paulo en Arlequin", 1924.

André Derain, Arlequin et Pierrot, 1924.

Mon Arlequin préféré est une commande du collectionneur Paul Guillaume à André Derain qui a choisit de représenter deux personnages de théâtre, de la Comedia dell’arte italienne : Arlequin dans son costume à losanges colorés, coiffé d’un bicorne et Pierrot dans son habit blanc à collerette. Dans cette grande toile - 175 x 175 cm, de 1924, on reconnait Paul Guillaume en Pierrot. J'adore la composition, nature morte, en bas à droite qui est comme un tableau dans le tableau.

Jean Lurçat, "Arlequin", 1925.

Miró, "Le Carnaval d'Arlequin".

Dès 1924 Joan Miró côtoie les surréalistes à Paris quand il fait ce tableau il ne mange pas à sa faim. "J'ai essayé de traduire les hallucinations que la faim produisait. Je ne peignais pas ce que je voyais en rêve mais ce que la faim produisait : une forme de transe ressemblant à ce que ressentent les orientaux". Il y a un automate qui joue de la guitare un arlequin à grandes moustaches un oiseau aux ailes bleues sorties d'un œuf un couple de chats jouant avec une pelote de laine un poisson volant un insecte qui sort d'un dé une échelle avec une grande oreille et au travers d'une fenêtre une forme conique supposée représenter la tour Eiffel. Miró ne tient pas compte des dimensions réelles des objets : "Pour moi écrit-il un brin d'herbe a plus d'importance qu'un arbre un petit caillou qu'une montagne une petite libellule a autant d'importance qu'un aigle." On pourrait penser que tous ces éléments sont le fruit du hasard mais les esquisses montrent que ce hasard apparent est le fruit d'une composition précise ce qui est contraire à l’esprit des peintres surréalistes. 

Gino Severini, "Sérénade", 1930.

Pablo Gargallo, "Arlequin à la flûte", 1931.

Raoul Dufy, "Arlequin rouge et blanc au violon", 1945.

Pablo Picasso, "Les trois musiciens", 1921.
Chez Picasso, cette œuvre marque un retour aux couleurs vives après le cubisme analytique dont la palette est limitée à une ou deux couleurs sombres et éteintes.
Ce tableau représente les trois personnages de la Commedia dell’arte : Pierrot joue de la clarinette, Arlequin joue du violon, Capucin tient des partitions. Sous la table on distingue un chien dont l'ombre noire est assez difficile à percevoir, à gauche. On peut confondre ce chien avec l’ombre de la table ou celui des jambes des personnes. On voit qu’il n’y a pas de lumière réaliste, il semble que tout est éclairé en même temps si bien que les objets et les personnages manquent de volume. Les personnages et les objets sont assez reconnaissables bien qu’ils soient composés d'éléments abstraits. Cette œuvre est une huile sur toile mais on dirait un collage, les formes de couleurs qui construisent les personnes et les objets sont comme des morceaux de papier collés.
Jean Pougny, "Arlequin", 1934.
Ivan Albertovitch Puni, dit Jean Pougny, est né à Kuokkala en 1894 dans la province de Saint-Pétersbourg (actuelle Finlande). A 15 ans, il décide de se consacrer à la peinture. Un an plus tard, il fait un premier séjour à Paris, où il travaille dans diverses Académies d’art ; le jeune homme découvre le fauvisme, le cubisme, l’art japonais.
En 1912, rentré à Saint-Pétersbourg, Puni participe à plusieurs expositions collectives auprès de Gontcharova, Tatline ou Malévitch. Son atelier devient un lieu de rencontre de l’avant-garde. Lors d’un second voyage à Paris (1914), Ivan Puni expose au Salon des Indépendants. Figure de proue de l’avant-garde russe, il organise les premières expositions futuristes. Dans l’immédiat après-guerre, il se rend à Vitebsk sur l’invitation de Marc Chagall afin d’enseigner dans son Académie. La situation politique l’oblige à fuir son pays et il se réfugie à Berlin avec sa femme (l’artiste Xana Bogouslavskaya, épousée en 1913). Il participe à plusieurs expositions collectives en Allemagne au début des années 20, crée décors et costumes pour le théâtre, donne des conférences. En 1924, Puni s’installe à Paris et francise son nom, Ivan Puni sera désormais Jean Pougny. Son style change et il ne reste rien du cubofuturisme et du suprématisme des années russes. Il peint à la façon des Nabis (paysages, intérieurs, scènes de la vie parisienne) tout en restant pleinement original. Il se lie d’amitié avec Fernand Léger, Marcoussis, Amédée Ozenfant.  Ses œuvres font partie des collections des plus grands musées comme le Centre Pompidou ou le MoMA de NY.
Françoise Gilot, "Germaine en Arlequine", 1956.
Évidemment influencée par Pablo Picasso dont elle partageât la vie de 1944 à 1953, Françoise Gilot aborda aussi le sujet de la Comedia dell'arte.
"Arlequin" de Severini.
Quand on regarde le retour au figuratif de Severini et l’évolution vers l’abstraction de son maître en divisionnisme Giacomo Balla, on ne peut qu’observer la relativité de la valeur artistique… Severini réalisa dans le château de Montegufoni, en Toscane, à la demande de son propriétaire, une série d'Arlequins. Le nom de Severini est attaché à l'Ecole d'Art Italien qu'il a fondée en 1952 à Paris.
Le livre La Saga Maeght par Yoyo Maeght, avec dédicace. Lien ici