Série - Les Pianos dans l'Art

J'ai 7 ans sur cette photo de l'été où je joue du piano auprès de Duke Ellington, cela me donne l'idée d'une série sur les pianos.

Extrait de mon livre La Saga Maeght, chapitre "Le Minotaure veille sur nous".
"Miró et moi avançons sur le chemin qui mène à la Fondation. Papy est là, parmi des musiciens de jazz installés sur une terrasse avec leurs instruments et notre grand Steinway qui a été sorti. Un géant noir plaque des accords. Papy me présente et me voilà assise au côté de Duke Ellington, à jouer à quatre mains. Puis le Duke improvise un "Blues for Miró" mémorable. Miró écoute avec attention, je reste à ses côtés. A la fin du morceau, Miró m'explique que, bien que les notes soient si peu nombreuses, comme les couleurs, leurs combinaisons sont infinies. Pour que je comprenne mieux encore - je n'ai que sept ans - il évoque Prévert qui, avec les mêmes mots que tout le monde, que moi, donne vie à des poèmes uniques. Cette discussion bouleversera à tout jamais ma vie. La source est simple, le génie fait tout."

Nicolas Poussin, "Sainte Cécile", 1627.

Un de mes peintres préférés, il y a toujours plusieurs histoires, plusieurs lectures dans ses œuvres. Jean-Honoré Fragonard, "La Leçon de musique", 1770.

"La famille Stamaty" par Jean Auguste Dominique Ingres, 1818.
Ingres achève ce dessin alors que l’homme debout, au centre, vient de mourir. Il s'agit de Constantin Stamaty, d’origine grecque, ancien agent secret au service de la France révolutionnaire, puis consul de France à Civitavecchia, Stendhal lui succéda dans ce poste.
La composition isole à gauche la jeune Atala Stamaty, une filleule de Chateaubriand. Plusieurs indices laissent à penser qu’Ingres se soit inspiré du visage d’Atala enfant pour son Odalisque. Tout chez l’adolescente rappelle l’Odalisque : la raie au milieu, les cheveux tirés en arrière, le nez droit, les lèvres délicatement ourlées, le menton rond, le profil, le regard un peu triste et la tête se retournant vers le spectateur. Le jeune garçon est Camille-Marie Stamaty, alors âgé de 7 ans. Il deviendra un pianiste renommé en son temps et éminent professeur de piano. Il eut pour élève Camille Saint-Saëns. Il composa également des études, un concerto pour piano, de la musique de chambre…
C'est formidable l'histoire de l'art, chaque œuvre est le roman d'une vie.


Vincent van Gogh, "Marguerite Gachet au piano", 1890.

Auguste Renoir et ses, "Jeunes filles au piano", 1892.

Emile Antoine Bourdelle, "Isadora Duncan avec Walter Rummel au piano"1909.
Après avoir assisté à son interprétation d’Iphigénie en Tauride de Gluck, Antoine Bourdelle se passionne pour l’art d’Isadora Duncan. Il entreprend un cycle de dessins célébrant la danse et la musique, respectivement représentées par Isadora Duncan et par le pianiste allemand Walter Rummel (1887-1953). Installé depuis 1908 à Paris, Rummel est l’un des plus importants promoteurs de la musique de Debussy; entre 1918 et 1920, il noue avec Isadora une relation sentimentale et artistique placée sous le signe d’une profonde exaltation esthétique.

 

Ernst Ludwig Kirchner ,1915, "Franz Botho Graef", cet archéologue et historien de l’art classique (1857-1917) a inspiré de nombreux portrait de Kirchner. Ami du père de l’artiste, il comptait parmi les défenseurs de l’art moderne. Il a enseigné à l’ Université de Iéna de 1904 à 1917. La Kunstverein (association d’art) de Iena a reçu plus de 250 estampes de Kirchner à la mémoire de Botho Graef (1857-1917).

 

William Chase, "The keynote" de William Chase, 1915. Chase est né en Indiana, il installe à New York sa propre école, "Chase school" (aujourd'hui Parsons), après avoir enseigné quelques années à l'Art Students League.

 

Henri Matisse, en 1917, réalise, "La leçon de musique". Sur cette toile figurent les enfants de Matisse : Pierre au piano à côté de Marguerite, et Jean dans le fauteuil. Dans le jardin est assise Amélie Matisse (née Parayre), mère de Pierre et Jean. Quelle liberté pour Matisse de revenir au sujet, à la couleur… C'est exactement la même composition que la toile précédente, celle-ci est dans les collections de la Barnes Foundation.

 

"Fillette au piano", par Georges Valmier, 1920.

Salvador Dali, "Pharmacien soulevant avec une précaution extrême le couvercle d’un grand piano", 1936.
Totalement surréaliste, et j'avoue magnifique peinture, moi qui ne suis pas une fan des peintures de Dali, alors que j'adoooore ce qu'il a écrit, ses interviews, son excentricité et surtout son intelligence. Salvador Dali était curieux de tout et l'un de ses centres d'intérêt était le monde scientifique. Sa bibliothèque compte une centaine d'ouvrages -annotés en marge et commentés de sa main- sur différents aspects scientifiques: physique, mécanique quantique, origine de la vie, évolution, mathématiques... Les années 30 sont marquées par les images doubles et les illusions optiques, une passion qui ne quittera jamais l’œuvre de Dali, tout comme les paysages immenses, vide, qui évoquent le rêve.

Norman Rockwell, "L'accordeur de piano", 1947.
Rockwell est principalement connu pour ses illustrations de couverture du magazine "The Saturday Evening Post", une publication très influente destinée à la classe moyenne américaine. Il a été fondé en 1821.
Rockwell a contribué à The Post pendant une cinquantaine d'années, ses illustrations reflètent les changements sociaux et technologiques de l'époque.
"L'accordeur de piano" représente un jeune garçon fasciné par un accordeur de piano âgé. Rockwell a embauché un garçon de huit ans (Andrew Brinkerhoff Smith) pour la peinture pour laquelle il a reçu 5 $. Cependant, à la veille du Nouvel An 1947, Rockwell offrit le tableau aux parents de Smith.

Nicolas de Staël, "Le Piano", 1955.

Nicolas de Staël, "Le Grand Concert, L'Orchestre", 1955.
Une des plus intenses toiles de l'artiste et immense - 350 x 600 cm, peinte à Antibes, où le peintre connaît, depuis l’automne 1954, une période d’hyperactivité, réalisant 147 toiles et esquissant une multitude de dessins.
Des instruments de musique, notamment, au stylo-bille ou au feutre, faisant état de sa recherche permanente… "Plus vous saisirez que l’explosion, c’est tout chez moi, comme on ouvre une fenêtre, plus vous comprendrez que je ne peux pas l’arrêter en finissant plus les choses", écrit-il, le 17 février 1955, au galeriste parisien Jacques Dubourg, commanditaire d’une exposition.
Dans sa maison le long des remparts, à 40 ans de Staël prépare en fait trois expositions. Pour Dubourg, pour l’Angleterre et pour le Musée d’Antibes, prévue à l’été 1955.
"Je suis lent, je ne suis pas Picasso." Staël fait cette confidence à son ami René Char dans l’une des innombrables lettres. "En retard sur la vie", comme le décrit Char, il s’épuise. Le 16 mars, il écrit à Jacques Dubourg : "Je n’ai pas la force de parachever mes tableaux." La nuit suivante, il se jette de sa terrasse.

Pablo Picasso, "Le piano", d'après Velazquez, 1957.
Cela ne m'étonnerait pas que Javier Mariscal ait vu cette toile au Musée de Barcelone, car il semble avoir été très influencé dans ses créations par le chien de ce tableau.

Mon grand-père, toujours aussi élégant, aux côtés de Duke Ellington, dans les jardins de la Fondation Maeght, un jour d'été de 1966.

Robert Combas, "Le Pianiste" 1989.

 

Un objet d'art exceptionnel, conçu par Aki Kuroda pour Pleyel.

Le livre La Saga Maeght par Yoyo Maeght, avec dédicace. Lien ici