La représentation de Pâques dans l'histoire de l'art.
Giotto, Mantegna, Vinci, mais aussi, Derain, Dali ou Chagall.
"L'Entrée de Jésus à Jérusalem", par Giotto, 1303. Pfiouuu ! superbe. Les bleus et les verts de Giotto sont éternels, je trouve qu'ils ont une vibration qu'aucune fresque de l'époque n'atteint.
Hans Memling, "Ange tenant un rameau d'olivier", vers 1480. Le geste semble ininterrompu, le mouvement continue. C'est vraiment une beauté ! Et quelle sérénité, regarder cet ange et tout semble se calmer.
Une autre "Entrée du Christ dans Jérusalem", celle-ci peinte par Antoon Van Dyck en 1617. Plus de 2m20 de long, visible au Indianapolis Museum of Art. Considéré par Rubens comme le meilleur de ses élèves, Van Dyck est âgé de seulement dix-huit ans quand il exécute ce tableau.
L’œuvre est conforme au récit biblique. Le peintre a placé le Christ au centre de la toile, vêtu d’une robe bleue et d’un manteau rouge dont les drapés enveloppent presque entièrement l’âne qu’il chevauche. Le pied nu de Jésus sort de la robe. La lumière qui se pose dessus met en évidence le talent du peintre à rendre l’ossature et les nervures de ce pied qui apparaît bien humain.
L’importance du moment est donnée à Jésus et à ses disciples qui, éclairés par une lumière surplombante et occupant la presque totalité de la surface de la toile, nous laissent deviner leur état d’esprit. L’agitation des personnages, les drapés, les couleurs vives et le naturalisme de la scène attestent du style baroque.
"La Cène", repas de Jésus, le jeudi. Une huile sur bois de van Kampen Albert Jacobzoon Maler peinte au XVIe siècle. Très étrange cette peinture, avec les visages tordus et presque caricaturaux.
Très peu connue, cette peinture d'André Derain, "La Cène". Jésus prend son dernier repas avec les douze Apôtres dans la salle dite du "Cénacle". La Cène, du latin cena, "repas du soir, dîner" est le nom donné dans la religion chrétienne au dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le jeudi la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, la veille de sa crucifixion et trois jours avant sa résurrection. Après avoir célébré avec eux la Pâque, il institua l'Eucharistie « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».
Marc Chagall, "Les Israélites mangent l'Agneau de la Pâque", 1931. Marc Chagall nous quitta le 28 mars, en 1985, paisiblement, à Saint-Paul-de-Vence à l'âge de 98 ans. Alors qu'en 1931, Chagall ne connaissait pas Saint-Paul, je trouve que le toit blanc ressemble incroyablement aux remparts du village surmonté de ses maisons serrées. Bon, chacun y voit un peu de son histoire.
Sans doute une des plus sublimes "Cène" de l'histoire de l'art est celle de Leonardo da Vinci peinte entre 1494 1498 sur les murs du couvent de Sainte-Marie-des-Grâces, à Milan. Y sont représentés, de gauche à droite, Barthélemy, Jacques le Mineur, André, Judas, Pierre, Jean, Jésus, Thomas, Jacques le Majeur, Philippe, Matthieu, Thaddée et Simon.
Ici Vinci cherche à renouveler le sujet en donnant beaucoup d'animation aux personnages. Quelle modernité, la table, les murs, le plafond, c'est troublant !
La fresque orne le réfectoire du couvent, elle est très dégradée car Léonard n'a pas utilisé la technique traditionnelle de réalisation des fresques, mais une technique personnelle qui s'est révélée très sensible à l'humidité.
Jeudi Saint. "La Sainte Cène" par Juan de Juanes, 1556.
Jésus prend son dernier repas avec les douze Apôtres dans la salle dite du «Cénacle». Ce dernier repas du Christ, avant son arrestation, est considéré comme fondateur de l’Église chrétienne, qu’elle soit catholique, orthodoxe, protestante. Selon les Évangiles, c’est pendant ce repas que le Christ, en tant que fils de Dieu, prenant du pain et du vin, les consacre comme son corps et son sang. Il les distribue à ses disciples à la fois comme «nourriture» spirituelle mais aussi comme signe de la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes. Il leur demande de faire ceci en mémoire de lui et à jamais.
Les Chrétiens commémorent ce repas par l'eucharistie.
La flagellation du Christ, de Guido de Sienne, vers 1280.
Philippe de Champaigne, "Le Christ mort sur la Croix", 1655.
À partir de 1655, Philippe de Champaigne travaille à des commandes pour l’ordre contemplatif des Chartreux à Paris, Villeneuve-lès-Avignon ou Bordeaux. Les tableaux réalisés pour cette congrégation baignent dans une atmosphère dépouillée. Les éléments symboliques s’effacent devant la précision archéologique et un sentiment de profonde solitude et d’humilité habite les figures. C’est sans doute dans ce Christ mort sur la Croix, réalisé en 1655 pour la Grande Chartreuse, maison-mère de l’ordre, située non loin de Grenoble, que ce dépouillement et cette érudition s’expriment avec le plus d’intensité. Au loin, les murailles de Jérusalem sont plongées dans une lumière de crépuscule ou de nuit soudaine, comme le relate saint Luc : « Le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur le pays tout entier. » Au pied de la croix, un crâne vient rappeler que l’événement se déroule au Golgotha, ou « lieu du crâne ». Par sa mort, le Christ vient donc racheter les péchés de l’Humanité depuis la Chute d’Adam. L’artiste concentre son attention sur le corps pâle du supplicié dont il n’omet aucune des blessures, les membres crucifiés et la plaie sanglante sur le côté droit. Mais cette souffrance n’a pas entamé la beauté et la grâce du Christ dont chaque muscle est dessiné et dont la peau recueille les reflets d’une lumière froide. L'œuvre a été saisie à la Révolution à la Grande Chartreuse et se trouve aujourd'hui au Musée de Grenoble.
Dans la peinture de Paul Gauguin, "Le Christ jaune", peint en 1889 à Pont Aven, le Christ est stylisé et la peinture laisse une grande place à la campagne. Le jaune semble réunir le Christ et la nature.
Jean Fouquet, Pietà de Nouans, vers 1450-1465.
Œuvre méconnue du grand public, c’est une œuvre qui se mérite. On ne la découvre pas, au hasard d’une visite dans un grand musée d’Anvers ou de Berlin. Pour la voir, il faut parcourir les petites routes de campagne et aller religieusement lui rendre visite dans l’église de Noauns-les-Fontaines, un petit village de moins de 800 âmes aux confins de la Touraine !
Le tableau se distingue, comme toujours chez Fouquet, par une géométrisation et une épure exceptionnelles pour un peintre du XVe siècle. Lorsque l’on observe longuement la toile, on est saisi par le calme, le silence et l’absence totale de violence qui en émane. Tout dans cette scène est d’une douceur extrême. Aucune goutte de sang ne s’échappe des plaies du Christ et son visage est exempt de toute marque de souffrance. La douleur de la Vierge est également très contenue. Seuls ses mains nouées et ses yeux rougis par les larmes évoquent sa peine. L’œuvre invite le spectateur à une longue méditation silencieuse.
"La Résurrection du Christ" par di Tommaso da Foligno Bartolomeo (1408 - 1454), Ohlala qu'est-ce que c'est beau ! Ce chef-d'œuvre est conservé au Louvre.
Johan Koerbecke, "Résurrection du Christ", 1456-1457.
Andrea Mantegna, "La Résurrection", 1459. La fête de Pâques est la fête chrétienne la plus ancienne et la fête centrale de l'année liturgique. Elle célèbre la résurrection du Christ, sa victoire sur la mort qui est l'élément central de la foi chrétienne. En même temps elle nous fait participer à sa résurrection en célébrant notre passage de la mort à la vie. C'est la bonne nouvelle de la victoire de la vie.
Pâques est censée être une fête que l'on célèbre dans une joie communicative.
Piero della Francesca, c. 1460, La fête de Pâques est la fête chrétienne la plus ancienne et la fête centrale de l'année liturgique. Elle célèbre la résurrection du Christ, sa victoire sur la mort qui est l'élément central de la foi chrétienne. En même temps elle nous fait participer à sa résurrection en célébrant notre passage de la mort à la vie. C'est la bonne nouvelle de la victoire de la vie.
"Noli me tangere", vers 1506, par Fra Bartolomeo.
La résurrection du Christ a été tant de fois représentée dans l'histoire de l'art, en peinture, tapisserie, céramique, sculpture, alors difficile de choisir, mais mon cœur va vers ce moment si particulier quand Jésus ressuscité dit à Marie-Madeleine "Noli me tangere" (ne me touche pas) qui, dans le plus grand nombre de représentations picturales, donne lieu à un jeu de mains remarquable, c'est le cas ici. A gauche, la résurrection du Christ ; à droite, les saintes femmes allant vers le tombeau.
Cette merveille est visible au Louvre et grâce à qui ? A un roi d'exception, surnommé le « Père du peuple », Louis XII, qui fait acheter le tableau dès 1507, comme une œuvre contemporaine.
"L'incrédulité de saint Thomas" de Pierre-Paul Rubens, peint vers 1613.
Jésus revient d’entre les morts et dit à dix des douze apôtres “Paix à vous” il a une blessure au côté et des plaies dans les paumes. Jésus les bénit, leur transmet l’Esprit saint, leur donne une mission, et s’en va. Thomas, n’étant pas présent ses dix amis lui racontent le miracle. Mais Thomas refuse d’y croire : “Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas.” Une semaine après cette première apparition, Jésus revient et accède au désir de Thomas et lui dit ”Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant.” Thomas lui répondit : ”Mon Seigneur et mon Dieu !” Jésus lui dit : ”Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.”
Francesco Guardi, "La Procession du doge de Venise à San Zaccaria un jour de Pâques", 1775. L'après-midi du jour de Pâques, le doge se rendait à l'église San Zaccaria, entouré des autorités ecclésiastiques et civiles. Il est précédé de dignitaires portant la couronne dogale. Guardi, Canaletto et Bellotto peintres du XVIIIᵉ siècle sont les représentants les plus significatifs du védutisme italien, c'est à dire l'art de peindre des vues urbaines et non des paysages bucoliques.
"Matin de Pâques au grands arbres", 1928 par Maurice Denis. Peu d'artistes modernes ont illustré la religion catholique, Maurice Denis, lui, y a consacré une partie de sa vie, il a, entre autres, réalisé la décoration de la chapelle de son prieuré, fresques, vitraux, mobilier, sur le thème de sainte Marthe.
Pablo Picasso, "La Crucifixion", 1930.
Dans cette peinture, le motif sacré est lié à l'expression de la souffrance humaine et aux obsessions personnelles de Picasso. On retrouve comme dans une vision hallucinatoire tous les personnages de la Passion : Christ et Vierge pâles sur fond de ténèbres, Marie Madeleine suppliante, le porteur de lance semblable à un picador transperçant Jésus, tandis que deux centurions jouent sa tunique aux dés près des deux larrons gisants. Mais d'autres formes issues de l'imaginaire de Picasso se mêlent à l'iconographie chrétienne : une tête bleue de mante religieuse, le visage face et profil inscrit dans un triangle jaune rappelant Marie-Thérèse, une figure solaire au masque rouge et à la chevelure verte, images possibles de Marie Salomé et de l'apôtre Jean. Une masse verte, éponge imbibée de vinaigre, pierre ou soleil obscurci des Évangiles, fait fuir un oiseau.
"Crucifixion Hypercube" de Salvador Dalí, 1954.
Le Vendredi Saint rappelle le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus-Christ. Il fait partie du triduum pascal, qui s'étend du Jeudi saint (commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres) aux vêpres du dimanche de Pâques.
Jésus est conduit devant Caïphe et le Sanhédrin. On cherche des motifs pour le condamner, de faux témoins se présentent et déposent contre lui. Accusé de blasphème, Jésus est condamné à mort. Comme l’autorité romaine avait enlevé au Sanhédrin le droit de faire exécuter les sentences capitales, on emmena Jésus devant Pilate qui, apprenant que Jésus est originaire de la juridiction de Galilée, l’envoie à Hérode qui le renvoie à Pilate. Celui-ci, convaincu de l’innocence de Jésus, fait plusieurs tentatives pour le faire acquitter, proposant à la foule de le libérer. La foule crie à l’encontre de Jésus : "Qu’il soit crucifié !". Alors commence la flagellation, le couronnement d’épines, le chemin de croix puis la crucifixion et la mort de Jésus sur le mont Golgotha.
C’est dans une interview accordée au journal jésuite italien La Civiltà Cattolica que le pape François avait évoqué son goût pour l’art. Ainsi, on y apprenait qu’il appréciait tout particulièrement Le Caravage. Dans l’entretien, il évoquait aussi son affection pour la toile de Marc Chagall "La Crucifixion blanche". Cette toile a été peinte en 1938, année de la tragique nuit de cristal (du 9 au 10 novembre 1938). Le tableau préfigurait déjà l’horreur qu’allait vivre le peuple juif pendant la seconde guerre mondiale. La symbolique de ce tableau est très forte et les renvois à la religion juive y sont nombreux. Par exemple, citons le pagne du Christ remplacé par un « tallit », châle utilisé pour la prière juive. De même, sur la droite du tableau, une synagogue allemande est en flamme. Sur la gauche, on entrevoit les persécutions subies par les juifs pendant la guerre civile russe (1917-1923).
Extraordinaire photographie de la bénédiction du Pape pour Pâques, vers 1880.
Embouteillage de calèches, fiacres, trinqueballes et autres voitures à cheval.
Jackson Pollock (Attribué à), Crucifixion, vers 1940.
Immense toile de Bernard Buffet, "la Passion du Christ", 1951
"A Pâques, la chasse aux œufs dans le jardin de Papy et Mamy est d'un faste sans comparaison. Mes grands-parents font faire des œufs de quatre-vingts centimètres de haut, en nougatine selon la tradition du Midi, et les dispersent dans le jardin. Avec notre bande, nous nous partageons trois à quatre pleines brouettes de sucreries. Tout est à profusion. Papy a même eu la fantaisie de glisser parmi les sucreries des œufs en céramique faits par Miró.
Comment peut-on offrir plus élégamment une œuvre d'art à ses petits-enfants ?"
(Extrait de La Saga Maeght).
Le livre La Saga Maeght par Yoyo Maeght, avec dédicace. Lien ici