Jacques Prévert

Acteur majeur de l'aventure Maeght.

Jacques Prévert, Pierre Bonnard et Aimé Maeght. Une des photos que je préfère, elle raconte tant de choses sur la vie de mon grand-père, elle annonce ses choix, son univers mêlant toutes les formes d'art. Ils sont ici à Cannes vers 1945.

Ici, beaucoup de souvenirs. Je suis là, sous le regard bienveillant de Jacques Prévert et de Pablo Picasso. J'ai 3 ans 1/2, déjà curieuse et audacieuse, JE VEUX SAVOIR ! Savoir, apprendre, comprendre… Je questionne l'Ogre car sur un collage, un bonhomme, contrairement aux autres, n'a pas la tête collée à l'envers !
Alors, ça fait sourire ces deux géants du surréalisme.

Une de mes photos préférées. Jacques Prévert et Pablo Picasso, à La Colombe d'or, la célèbre auberge de mon parrain, à Saint-Paul-de-Vence. Jacques Prévert fait partie de ces hommes qui donnent à la France ce cachet si particulier. Un libre penseur qui partage son talent avec d'autres artistes.

On ne se rend pas toujours compte de son immense contribution à ce qui s'appelle l'esprit français. Si on devait supprimer les pépites qu'il nous a offertes, notre culture serait terriblement appauvrie. Notamment le cinéma, lui qui a écrit scénario et dialogues du chef-d'œuvre "Les enfants du Paradis" ou de "Quai des Brumes" qui a su faire dire à Jean Gabin "t'as d'beaux yeux tu sais" et répondre à Michèle Morgan "Embrassez-moi", qui a ciselé la chanson du film "Les portes de la nuit" où Montand chante "Les Feuilles mortes".

Pour moi il reste celui que, petite, j'appelais l'Ogre, car il s'amusait à coller sa cigarette sur la langue, faire semblant de l'avaler pour ensuite la ressortir dans des volutes de fumée et grommeler, "Je suis l'Ogrrrre je vais te manger".

 

Prévert/Picasso, encore ensemble, à l'atelier de Madoura à Vallauris, durant le tournage de "La vie commence demain" de Nicole Védrès 1949-1950.

Collage de Jacques Prévert. Les images de Prévert métamorphosent les lieux communs, détournent le sens attendu, révèlent la poésie du quotidien.

Dans le jardin de La Colombe d'Or à Saint-Paul-de-Vence, Jean Gabin, Marcel Carné, Jacques Prévert et Alexandre Trauner, en 1945.

Holàlà, toute mon enfance, un petit livre co-écrit par deux amis Jacques Prévert et André Verdet, ce recueil de poèmes flirte avec le surréalisme sous le soleil du sud. Edité en 1949, une peinture d’Émilienne Delacroix orne la couverture.

Jacques Prévert et mon grand-père Aimé Maeght. Une amitié les lie depuis les premiers jours, à Cannes dès les années 1940. Prévert écrira de sublimes textes et poèmes sur les artistes de la Galerie Maeght.

Doisneau qui photographie son copain Prévert devant le magasin MERODE, merde alors ! Je passe souvent, encore aujourd'hui, devant l'enseigne de l'avenue du Général Leclerc à Paris. Et à chaque fois, je souris, pensant à cette photo.

 

Jacques Prévert à Saint-Paul-de-Vence. 

Voilà la ruelle de Saint-Paul qui monte à l'église, telle que je l'ai connue, les personnages collés par Prévert en moins, bien sûr. A droite, c'était une boutique d'antiquités, à gauche, une femme merveilleuse faisait des châles en mohair dans des assortiments de couleurs à faire pâlir Yves Saint Laurent. Le soir, quand les belles clientes de la Colombe d'Or frissonnaient, Titine Roux, envoyait les gosses acheter les mousseuses laines. Nous nous baladions, les billets de 500 francs Molière en mains, fiers d'avoir à choisir les teintes qui s'assortiraient le mieux aux bijoux des Sud-Américaines et soies de Balenciaga.

Collage réalisé avec l’affiche de la première exposition de Jacques Prévert à la Galerie Maeght rue du Bac en 1956.

Quand les enfants sont sages, on leur donne des images. Prévert figurait LE poète, le poète de la vie tout simplement. Son occupation favorite ? Passer son temps à percer les mystères du quotidien. Prévert, c’est un enfant, un enfant gai et heureux en toutes circonstances, enfant qu’il est resté jusqu’à la fin. Il adore le cirque et le théâtre où l’emmène son père. Ces goûts ne le quitteront jamais. Toute sa vie, il restera cet enfant aux yeux écarquillés. Il habite sur les toits du Moulin Rouge, quoi de mieux pour un poète ? Il écrit pour le Groupe Octobre et pour les enfants. Et des scénarios et des dialogues avec son frère Pierre. Pas les moindres : « Quai des brumes », « Les enfants du Paradis », « Les visiteurs du soir », des chansons « Barbara », « Les feuilles mortes »… Que des chefs d’œuvres.

Collage pour les petites Maeght, 1970, 1969, collage sur papier, 37x28 cm. Une amitié indéfectible se partage avec les enfants de Paule et Adrien Maeght. Le soir, il vient leur raconter, avec tendresse et humour, des histoires effrayantes peuplées de monstres et de gorgones. C’est pour cela que les petites Florence et Yoyo le surnomment « l’ogre ».
Quand il assemble des mots, ça ne ressemble à nul autre. Tout cela ne lui suffit pas, bien sûr, il découpe, et colle des chromos sur des photographies. Et quand il assemble des images, ça ne ressemble à nul autre. Si, à du Prévert. Les mots, les images et, avant tout, le sens de l’amitié. Braque, Miró, Picasso, Calder, Doisneau, Topor…

Ses collages seront exposés pour la première fois à a Galerie Maeght en 1956, pour l'exposition inaugurale de la galerie de la rive gauche.

Vernissage de l’exposition des collages de Jacques Prévert à la nouvelle galerie Maeght créée par Paule et Adrien Maeght, 1956.

Jacques Prévert dédicace le catalogue de ses collages.

Alberto Giacometti  et Jacques Prévert  en 1956 à la Galerie Maeght rue du Bac.

Joan Miró, Virginia Chagall, Aimé Maeght, André Verdet, Marc Chagall, Jacques Prévert, La Colombe d’Or, Saint-Paul, 1953.
À Saint-Paul, La Colombe d’Or, réunit une nouvelle famille, une famille idéale, où se retrouvent artistes, écrivains, comédiens, chanteurs, cinéastes… Et même des stars hollywoodiennes. Et tous s’épuisent en rires et en conversations jusqu’au bout de la nuit. Prévert est là, parfois il mène la danse et l’après-midi, il est déjà sous les platanes de la place à jouer à la pétanque un verre à la main, et une cigarette accrochée aux lèvres.

 
Photo dédicacée par Jacques Prévert à Robert Doisneau.