.Miró - Fondation Maeght - Le Labyrinthe
Aimé Maeght offre à Miró la dimension nécessaire à la démesure de son univers et lui propose d’investir les jardins de la Fondation. Miró, enthousiaste, s’engouffre dans ce projet.
Avec le céramiste Josep Llorens Artigas, son ami de jeunesse à Barcelone, Miró réinvente la sculpture monumentale. Elle est associée à l’architecture et à la nature, source infinie de son inspiration. Pour le Labyrinthe, il va créer un monde onirique peuplé d’animaux fantastiques issus de sa propre mythologie. Le génie catalan explore tous les matériaux : Le Lézard en céramique grimpe sur les murs du patio.
Le Mur compte 468 plaques de céramique. S'élève une tour dans laquelle sont encastrées trois plaques en céramique, un oiseau, sculpture en fer forgé, est perché à son sommet. L’Oiseau lunaire et l’Oiseau solaire sont en marbre de Carrare, la Fourche est en fer et en bronze, elle reprend le symbole du poing levé du paysan en révolte lors de la guerre d’Espagne.
Les murets de pierres serpentent dans la pinède. Les gargouilles en céramique crachent l’eau des bassins dont les fonds s’animent de créations de Miró. Tous les sens sont en éveil. Le parfum émis par les immortelles, les cigales et leur chant, le soleil qui vient heurter les sculptures de Miró.
Le Grand Arche est réalisé en béton et c’est au marteau piqueur que Miró y a gravé ses signes récurrents. Plus loin, la plus importante céramique de Miró, la Déesse de la fécondité. Le Cadran solaire, réalisé en céramique, apporte de la couleur. La Fourche domine les collines de la Côte d’Azur, jusqu’à la mer. L’Œuf de Mammouth se reflète sur l’eau.
Quelques marches plus bas, une sculpture en marbre blanc, La Femme à la chevelure défaite, est dressée sur un rocher au centre d’un bassin. Le mur de briques du bâtiment principal qui abrite la salle de la mairie est le support vertical du Personnage, visage de céramique brune, juché sur un haut support de fer, figure sans corps ni bras, il surplombe, l'Oiseau solaire et l'Oiseau lunaire.
Quelques marches encore et un dernier bassin et ses trois gargouilles. Le Fil d’Ariane, ligne blanche peinte par Miró sur les murets du labyrinthe, entraîne le visiteur dans une promenade et une rêverie sans fin.
Extrait de La Saga Maeght : Les chambres [de notre nouvelle maison] s'organisent autour d'un patio. Le salon, où trône un grand piano de concert, surplombe le chantier de la Fondation et sa grande baie est comme un écran de cinéma où nous, spectateurs privilégiés, assistons à la construction de ce chef-d'œuvre qu'est le labyrinthe de Miró. La porte du patio, qui permet d'accéder à la Fondation, est toujours fermée alors, avec mes sœurs, nous nous échappons de la maison en jouant les équilibristes sur le mur d'enceinte du labyrinthe. Et nous voilà dans cet endroit de rêve. Quoi de mieux pour des enfants qu'un chantier comme celui-là ? Les sculptures de Miró attisent notre imaginaire féerique ; La Fourche devient la proue de notre navire qui vogue sur la brume de la mer toute proche, les cornes du Minotaure dominent notre royaume, le Grand Arc est l'entrée de notre château fort, les Gargouilles en sont les gardiens, quant à L'Œuf de mammouth, qui me valut des éclats de rire quand, à l'école, j'osai dire que certains mammifères pondent des œufs, il symbolise, pour nous, un vaisseau spatial arrivé d'une autre galaxie.