.Bram Van Velde
Bram Van Velde, Composition, 1960, huile sur toile, 130 x192 cm.
« Cette lumière qu’on atteint parfois, on ne la garde pas dans sa poche. On la perd tout aussitôt. Il faut chaque fois se lancer à sa recherche. » Encore une œuvre autonome qui suit les seuls caprices de son créateur, que celle de Bram van Velde (1895-1981), frère de Geer qui exposa dès 1947 à la Galerie Maeght. Œuvre intérieure et sans concessions qui obéit, s’il faut en chercher les origines, à l’esthétique post-cubiste d’entre les deux guerres. On peut aussi trouver ses racines chez Matisse ou chez Munch. Des masses colorées hantent ses tableaux et rien ne subsiste face au mystère de la couleur.
Au fil des années Bram van Velde approfondit, épure, rend sonore l’aventure de la couleur. Ses matières, tout en repentirs éclaircis, palpitent. Chez lui tout est pensé, posé, sans précipitations.
L’œuvre se prête à merveille à la superposition des encres alors il développe un œuvre gravé superbe, que ce soit pour illustrer les DLM ou réaliser une affiche pour Aimé Maeght. Il participe à l’aventure de la revue de poésie "Ephémère", illustre de grandes éditions originales dont une avec un texte de Samuel Beckett, son ami.
«Tout ce qu’a peint Bram Van Velde
Tout ce qu’il a vêtu de pluies et de cœurs corrodés
La nuit le reconnaît
Avec ses aiguilles d’espérance
Et sa cendre humide de crachats.»
Fernando Arrabal , Derrière Le Miroir ,1975
Bram Van Velde, Samuel Beckett et Aimé Maeght
Geer Van Velde et sa femme en compagnie d’Aimé Maeght, vernissage de l’exposition Tal Coat , Paris, 1972.
BIOGRAPHIE
1895 - Bram van Velde naît le 19 octobre à Zoeterwoude, près de Leyde. Il est le deuxième enfant d’une fratrie de quatre : sa sœur, Cornelia, était née en 1892 ; en 1898 naîtra Geer, qui sera également peintre, puis, en 1903, Jacoba, qui deviendra écrivain.
Le père, entrepreneur en faillite, abandonne sa famille qui tombera dans la misère.
1907 - À l’issue de l’école primaire, Bram entre comme apprenti à La Haye dans une firme de peinture et de décoration intérieure dont les patrons, les Kramers père et fils, vont encourager et soutenir son talent artistique.
1922 Soutenu financièrement par Kramers, Bram se rend à Munich, puis à Worpswede, au nord de Brême, où une colonie d’artistes, fondée en 1890, de tendance expressionniste, l’introduit à la modernité.
1924 - Quittant Worpswede, Bram s’installe à Paris puis, l’année suivante, à Bellevue, près de Meudon.
1927 - Après avoir exposé à Brême, puis à Berlin, Bram est admis, avec son frère Geer, pour la première fois au Salon des Indépendants de Paris.
1928 - Bram épouse Lilly [Sophie Caroline] Klöker, peintre allemande. Les conditions de vie du couple sont difficiles : après des séjours sur la Côte d’Azur, en Corse (en 1930), un retour à Paris (1931), ils choisissent de s’installer en Espagne en 1932.
1936 - La guerre civile espagnole éclate. Sa femme, Lilly, meurt à l’hôpital ; il est rapatrié à Marseille et regagne Paris dans le plus complet dénuement. Il est hébergé pour un temps par son frère Geer, puis s’installe à Montrouge en 1937, avec une nouvelle compagne, Marthe [Kuntz] Arnaud. En 1939, Bram peint la première des trois grandes gouaches qui fonderont l’autonomie de son langage plastique.
1947 - Bram signe un contrat de cinq ans avec la galerie Maeght à Paris, accord qui met fin à une dizaine d’années difficiles. Malgré les encouragements prodigués par des amis tels que Samuel Beckett, un collectionneur hollandais du nom de Regnault, Jean Bouret, Édouard Loeb, Christian Zervos, Marcel Michaud, sa première exposition personnelle à la galerie à Paris, avait été un échec.
1949 - Bram van Velde rencontre Jacques Putman (1926-1994), l’éditeur d’art qui deviendra son mentor et ami.
1952 - Nouvel échec commercial lors de l’exposition à la galerie Maeght. Toutefois Aimé choisit de lui acheter la totalité de l'exposition.
1958 - Franz Meyer organise la première exposition dans un musée de Bram van Velde, une rétrospective à la Kunsthalle de Berne. Bram et Marthe quittent Paris pour la Provence.
1959 - Renversée par une voiture, Marthe meurt à Paris le 11 août. Bram s’installe à Tardais, chez Jacques Putman, pour préparer la rétrospective que lui offre le Stedelijk Museum d’Amsterdam. Jan Krugier et sa première épouse, Vivette Spierer, invitent Bram à séjourner chez eux. Ils joueront un rôle important dans cette période de sa vie. Bram passe Noël à Genève où il rencontre Madeleine Spierer, peintre elle aussi, qui deviendra sa compagne.
1960 - Bram van Velde vit à Paris chez Jacques Putman. Jusqu’en 1965, date à laquelle il décide de se fixer à Genève, il fait de fréquents voyages entre les deux pays.
1964 - La France nomme Bram van Velde chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres. Première rencontre entre Bram van Velde et l’écrivain Charles Juliet.1965 - Bram s’installe chez Madeleine Spierer, à La Chapelle-sur-Carouge.
1967 - Bram van Velde est officiellement domicilié à Genève. Il entreprend une production lithographique qui comptera quatre cents numéros à sa mort.
1969 - Bram réalise une série de lavis d’encre de Chine. La Hollande lui décerne l’Ordre d’Orange-Nassau.
1970 - Après s’être partagé entre son atelier à Carouge et la maison de Madeleine, Bram choisit de travailler dans le garage de la villa de La Chapelle-sur-Carouge. Le Musée d’art moderne de Paris organise sa première rétrospective française (reprise au Musée Rath, à Genève)
1975 - Bram van Velde reçoit le Prix de Belles-Lettres, décerné par les Sociétés académiques de Lausanne, Genève et Neuchâtel. Son quatre-vingtième anniversaire est l’occasion de la sortie d’une monographie rédigée par Jacques Putman et Charles Juliet. Le Musée d’art et d’histoire de Genève acquiert six tableaux.
1977 - Bram quitte Genève, à la suite d’une rupture avec Madeleine. Il s’installe à Paris chez Jacques Putman, mais séjourne l’été à Arles puis à Grimaud, où il s’installera définitivement en 1980, année où il est fait chevalier de l’Ordre du faucon islandais.
1981 - Bram van Velde meurt à Grimaud le 28 décembre. Le 30 décembre, il est enterré au vieux cimetière d’Arles, dans le caveau des Béraud. Bram van Velde disparaît la même année qu’Aimé, après 33 ans de collaboration et d’amitié.
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