.Fondation Maeght - Construction
Aimé Maeght souhaite implanter sa fondation sur la colline de Saint Paul près de la maison familiale, le Mas Bernard, du nom de leur fils disparu. Lors du débroussaillage de la forêt, sont exhumés les vestiges d’une modeste chapelle qui s’avère être dédiée à Saint-Bernard. Aimé y voit un signe troublant.
Pour les Maeght, il n’y a pas de grandes réalisations sans amour, sans croyance. Au regard -chrétien- de Marguerite, ce signe est une évidence : il faut commencer par réédifier la chapelle. Sert se saisit de l’idée pour articuler les bâtiments autour de cet édifice, comme les maisons d’un village traditionnel autour d’une église.
L’idée d’un centre de vie apparaît à l’image d’un plan de village. Josep Lluis Sert, en humaniste, dessine une architecture dédiée aux artistes comme aux simples amateurs. Un grand champ d’entrée, une agora, des bâtiments autour de patios, un campanile pour la chapelle, une maison pour les artistes…
Tous les artistes de la galerie Maeght, mais aussi les poètes et les proches s’engouffrent dans l’aventure de la Fondation. Chacun y allant de sa proposition. Aimé écoute, synthétise, organise. Chaque artiste « Maeght » saura trouver à la Fondation, son espace et se l’approprier à la mesure de son talent. Les artistes savent être les compagnons de route de la conception de la Fondation, mais, et surtout, seront omniprésents dans toute la vie de la Fondation.
Sur la terrasse du Mas Bernard, analyse des plans de la Fondation Maeght par Marguerite Maeght, Alberto Giacometti, Louis Clayeux (alors directeur de la Galerie Maeght et Josep-Lluis Sert.
Chagall souhaite une salle pour n’y exposer qu’un seul tableau, monumental, celui qu’il veut peindre pour ce lieu, le projet de toute sa vie. A l’inverse, Giacometti veut une salle aux dimensions intimes. Braque et Ubac dessinent vitraux et chemin de croix de la chapelle. Tal-Coat se propose pour le mur d’enceinte.
Les travaux débutent le 5 septembre 1960. Les artistes sont omniprésents et pique-niquent même sur le chantier. Les bâtiments sortent de terre, jouant de la déclivité du sol à fins d’éviter la monotonie.
Sert peut enfin appliquer sa théorie d’éclairage zénithal et mettre au point ses fameux « pièges à lumière ». Il joue aussi du rapport intérieur/extérieur avec de nombreuses ouvertures sur la nature qui rythment les espaces d’exposition.
Sert prévoit des murs en béton brut de décoffrage, en découvrant la brique et la pierre du pays, il les privilégie : La brique maintient la réalité du mur, en donnant à sa surface, un corps à son élévation. 300 000 briques de sable rose, cuites au four à bois, provenant de la fabrique voisine de Clausonnes, rouverte pour l’occasion, sont utilisées pour édifier la Fondation. Aimé Maeght et Josep Lluis Sert partagent le respect de l’environnement et de la nature, le goût des matériaux vrais. La conception se soumet aux contraintes du climat tout en prenant en compte la gestion des énergies. Les impluviums apportent l’ombre la fraîcheur aux bâtiments et récoltent l’eau de pluie qui alimente les nombreux bassins. La ventilation naturelle des salles permet une climatisation nécessaire à la conservation des œuvres. Les pierres extraites du sous-sol servent à l’élévation des murs… Cette nouvelle approche architecturale en fera le premier bâtiment français qualifié HQU (Haute Qualité Environnementale).
Alberto Giacometti et Josep Lluis Sert
Chaque élément est spécifiquement conçu par les artistes, Alberto et Diego Giacometti prennent en charge les luminaires, le mobilier en bronze, jusqu’aux poignées de portes. Même le sol est composé de dalles aux formes étonnantes. Braque trace ses poissons pour un bassin en mosaïque. Chagall aussi utilise la mosaïque pour orner le mur de la librairie. Une place majeure est réservée à l’univers de Miró. De l’amitié entre les Catalans Miró, Sert et le céramiste Josep Llorens Artigas, nait le fantastique labyrinthe. Miró y fait courir son fil d’Ariane sur les murets de pierres sèches qui entourent les sculptures de marbre, de fer, de céramique et même de béton.
Quatre années sont nécessaires à la construction de l’ensemble entièrement financé par les Maeght, sans soutien de l’Etat.
Le livre La Saga Maeght par Yoyo Maeght, avec dédicace. Lien ici
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