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Joan Miró face à une horde de journalistes et photographes à la Fondation Maeght, en 1968, oui 1968, neuf ans avant l'ouverture du Centre Pompidou.
Détail amusant le photographe avec le catalogue coincé dans la ceinture ! Et Miró, chapeau de paille dans une main, l'autre dans la poche. La décontraction du Maître !

La Fondation Maeght pensée par Aimé Maeght c'est :
- la création d'un bâtiment par JL Sert avec les envies et discussion avec les artistes : Léger, Braque, Giacometti, Miró, Chagall, Calder…
- Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Sun Râ, Terry Riley, La Monte Young, John Cage et Merce Cunningham en live…
- montrer des œuvres de grands musées ou de collections privées habituellement jalousement conservées à l’étranger…
- l'exposition Bacon-Freud (1995) alors que la tendance de l’époque était d’occulter la peinture…
- présenter d’autres cultures d'autres civilisations : “Le Musée imaginaire d’André Malraux” (1973), “Arts de l'Afrique Noire (1989), “Art Millénaire des Amériques” (1992)…
- célébrer écrivains et poètes avec des expositions bouleversantes, Prévert, Reverdy, Malraux, René Char …
- faire découvrir au grand public des artistes connus, à l'époque, principalement du sérail de l’art : Bram van Velde (1973), Tàpies (1976), Rauschenberg (1984), Christo (1985), Germaine Richier (1996), Otto Dix (1998), Rebeyrolle (2000), Barceló (2002), Yang Pei Ming (2007)…
- honorer les plus grands artistes dans de magistrales expositions, Chagall (1967 et 1984), Kandinsky (1966 et 2001), Bonnard (1975), de Staël (1972 et 1991), Klee (1977), Léger (2004), Giacometti (1978 et 2010 - dernière exposition que j’ai organisée)…
J’arrête ici la liste, car chaque année était un foisonnement de découvertes, de juxtapositions ou de confrontations de cultures, d'expressions et de créations.

Pierre Bonnard, en novembre 1889, prête serment d'avocat. Quel cheminement ! Matisse, lui était clerc de notaire. Le voici avec son teckel adoré. Il en eut plusieurs : Ubu, Black, Poussette et Dingo !

Un été 1966, me voilà aux côtés de Duke Ellington
"Miró et moi avançons sur le chemin qui mène à la Fondation. Papy est là, parmi des musiciens de jazz installés sur une terrasse avec leurs instruments et notre grand Steinway qui a été sorti. Un géant noir plaque des accords. Papy me présente et me voilà assise au côté de Duke Ellington, à jouer à quatre mains. Puis le Duke improvise un "Blues for Miró" mémorable. Miró écoute avec attention, je reste à ses côtés.
A la fin du morceau, Miró m'explique que, bien que les notes soient si peu nombreuses, comme les couleurs, leurs combinaisons sont infinies. Pour que je comprenne mieux encore - je n'ai que sept ans - il évoque Prévert qui, avec les mêmes mots que tout le monde, que moi, donne vie à des poèmes uniques. Cette discussion bouleversera à tout jamais ma vie. La source est simple, le génie fait tout."
Extrait de mon livre La Saga Maeght, chapitre "Le Minotaure veille sur nous"

 

Pas mal : Varda - Calder - Maeght !
Un méli-mélo d'œuvres, un méli-mélo de talents.
Calder installe ses œuvres dans la galerie d'Aimé Maeght, Photo Agnès Varda,1954.
J'aime bien l'affiche posée sur un chevalet. A chaque expo, mon grand-père demandait aux artistes de réaliser une affiche en lithographie originale, c'est à dire une création spécifique qui n'est pas une reproduction d'une œuvre. Papy voulait qu'ainsi les jeunes et les amateurs peu fortunés puissent avoir une œuvre pour quelques francs. D'autant qu'il avait plutôt tendance à les offrir ! C'est pourquoi il tenait à avoir sa propre imprimerie, comme ça les artistes étaient libres de toute création avec les meilleurs techniciens à leur service.

Sans doute est-ce cela le génie : De tout, de rien, faire quelque chose de remarquable. Picasso photographié par Arnold Newman en 1954.