Série - Chapeaux dans l'art
Formidable photo de Yves Montand et Simone Signoret, à "leur" table à la Colombe d'Or de Saint-Paul-de-Vence.
Montand et Simone vivaient une partie de l'année à la Colombe où ils s'étaient mariés, ils y avaient leur appartement, leurs habitudes, leurs amis, leurs livres et, bien sûr, pour Simone son Scrabble et son dictionnaire et pour Montand ses boules de pétanque, ses cartes à jouer et ses jetons de poker !
A la Colombe, entre un Calder et un Picasso, juste avant d'arriver à la piscine, il y avait une pile de chapeaux de paille pour les convives, on choisissait le sien du jour. Certains repartaient avec ce butin porteur de mémoire, ce qui faisait enrager Titine, l'âme de ce lieu, mais elle veillait toujours à ce qu'il y ait encore et encore ces chapeaux de l'amitié et du soleil.
Van Eyck, "L'Homme au turban rouge", 1433. Sans doute un autoportrait.
Albrecht Dürer, "Tête de vieillard coiffé d'un bonnet rouge", 1520. Une merveille des collections du Louvre.
Une merveille, "La Diseuse de bonne aventure", peinte par Le Caravage en 1596.
L'élégant jeune homme se fait prédire l'avenir par la bohémienne qui lui dérobe discrètement l'anneau passé à sa main droite. L’œuvre moralisatrice condamne la tromperie, mais aussi la naïveté. Les visages sont bouleversants de jeunesse.
Cette beauté est conservée à Paris au musée du Louvre, une autre version de ce sujet est conservée à Rome, dans les collections de la pinacothèque capitoline de Rome. Ces deux tableaux ont été peints au début de la carrière de Caravage, peu après son arrivée à Rome.
"Antoinette-Elisabeth-Marie d'Aguesseau, comtesse de Ségur", peinte par Louise-Elisabeth Vigée Le Brun en 1785.
Fervente royaliste, Vigée Le Brun sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du Royaume de Naples, de la Cour de l'empereur de Vienne, de l'empereur de Russie et de la Restauration.
L'accord des couleurs est vraiment subtil et parfait : orangé léger, pour la bordure du chapeau, touches dans les fleurs, plis de la jupe.
Pour ma série chapeaux et pour changer un peu des estampes japonaises, voici une œuvre venant de Corée. Très traditionnelle, on y retrouve le tigre qui est un des deux sujets omniprésent dans l'art coréen.
Édouard Manet "Madame Manet à Bellevue", (Suzanne Leenhoff) 1880.
Pour ma série Chapeaux, Eugène Delacroix, "Quatre hommes coiffés de hauts chapeaux", 1824.
"Nature morte au chapeau de paille", 1881.
Qu'est-ce qu'il est beau ce chapeau ! Facture classique et technique parfaite, Vincent van Gogh dilue alors énormément la peinture ce qui donne une impression de flou. Les touches épaisse et en relief, ce sera pour plus tard.
Vincent van Gogh a alors 28 ans et il revient vivre en Hollande dans la maison familiale après un court séjour en Belgique. 1881, c'est aussi l'année où son frère Theo est nommé gérant de la succursale de Goupil & Cie sur le boulevard Montmartre à Paris et où il décide alors de subvenir aux besoins de son frère Vincent.
Pour ma série chapeaux, peut-être mon préféré, parfois les autoportraits témoignent, avec infiniment de sérieux, de l'humour des artistes, c'est le cas de cette toile de James Ensor : "Autoportrait au chapeau fleuri", 1883.
"Portrait de Giuseppe Verdi à l'écharpe blanche" de Giovanni Boldini, peint en 1886. Boldoni savait sublimer les femmes tout comme ici il a su révéler toute la personnalité du compositeur italien.
Vincent van Gogh s'est peint mille fois, mais presque toujours un galure sur la tête. Comme dans cet "Autoportrait au chapeau de paille" de 1887.
Celui-ci est assez unique, avec le fond à peine peint, ce liseré rouge qui attire le regard, mais vite, nos yeux s'échappent pour retourner se plonger dans les pupilles noires de l'artiste.
Edmund Charles Tarbell, "Le voile bleu" peint en 1898.
Giovanni Boldini, "La Divine en bleu" vers 1905. Cette divine est, bien sûr, Sarah Bernhardt.
Amedéo Modigliani, "Femme portant un chapeau", 1907.
Alexej von Jawlensky, "Schokko au chapeau à larges bords", 1910.
J'y vois un dialogue entre nature morte - Le chapeau ressemble à une coupe de fruits - et le portrait avec cette curieuse couleur.
Odilon Redon (1840 - 1916), "Homme au grand chapeau noir, vêtu d'un pourpoint"
Emil Nolde, "Autoportrait'' de 1917 de cet amoureux de la nature et de ses racines, il prit d'ailleurs le nom de son village natal pour pseudonyme.
Une rareté surréaliste pour ma série chapeaux.
Max Ernst "C'est le chapeau qui fait l'homme", 1920
"Femme au chapeau". Rien ne destinait Jacqueline Marval, née en 1866 à devenir artiste. En 1884, institutrice, c’est en amateur qu’elle peint sous le nom de Marie Jacques.
Mariée à un voyageur de commerce dont elle se sépare vite, elle choisit d’exercer à Grenoble le métier de giletière plus propice à sa fantaisie. Dès 1892 sa rencontre avec les peintres Joseph François Girot et Jules Flandrin va changer le cours de sa vie. Elle les rejoint à Paris, puis, avec le soutien de Rouault, Camoin, Marquet et Matisse, elle se lance réellement dans la peinture. En 1901 elle participe au Salon des indépendants auquel elle restera fidèle jusqu’en 1914.
En 1923, elle réalise l’affiche, l’invitation et la couverture du catalogue du Salon d’automne. En 1929, le musée des Beaux-Arts de Rouen lui offre la consécration en la présentant conjointement avec Van Dongen. L’année suivante, malade, elle abandonne peu à peu la partie et meurt en 1932 dans une extrême solitude. Son œuvre sera rapidement oubliée ; il faudra attendre la relecture de l’histoire de l’art par les historiennes féministes pour qu'elle retrouve sa place parmi les fauves.
Les fous sympathiques !
Bon, c'est vrai qu'il ne souriait pas souvent, mais qu'est-ce qu'on devait se marrer avec lui !
Man Ray, "Autoportrait travesti", 1938.
Joan Miró, "Portrait de Heriberto Casany", 1918.
"Ici, à Barcelone, nous manquons de courage", écrit Miró fin 1917 à son compagnon d'atelier Enric Ricart. "Nous, la jeune génération, pourrions nous réunir et exposer chaque année, tous ensemble sous le nom de "Salon Jaune Chrome". Nous devons être des hommes d'action."
Au cours des mois suivants, Miró, Ricart et autres artistes fondent le groupe "Courbet", attaché à la fois à la tradition catalane et à l'innovation picturale radicale. Parmi les trois œuvres présentées par Miró lors de la première exposition des "Courbet" en 1918, ce portrait de son ami Heriberto Casany.
Totalement improbable dans l'œuvre de Joan Miró, cette voiture accrochée au mur faut sans doute référence à l'entreprise de location de taxis du père de Casany.
Joan Miró, "Femme au chapeau rouge", 1927.
En 1924, Miró à Paris, rejoint le groupe des surréalistes. En 1926, il s'installe dans un studio à Montmartre près d'autres artistes surréalistes, dont Max Ernst, René Magritte, Jean Arp et Paul Eluard.
Peinte en 1927, cette œuvre, de la série des "peintures de rêve", est caractéristique par ses signes et symboles suspendus dans l'espace.
Celle-ci fait partie d'un petit groupe de peintures de même taille, partageant le même fond bleu lumineux peuplé de lignes et de formes énigmatiques qui s'inspirent des frères Fratellini qui ont présenté un numéro au Cirque Medrano à Paris dans les années 1920 et qui ont inspiré Picasso ou Calder. Je publierai les autres peintures prochainement.
Tout d'abord simplement titrée "Peinture", "Femme au chapeau rouge" n'est pas explicitement liée au cirque, j'y vois un hommage à la Catalogne natale de Miró, avec ce bonnet typique appelé Barretina.
Quelle beauté !
Tamara de Lempicka, "Jeune fille en vert", 1930.
Beaucoup de portraits de femmes un bibi posé sur la tête dans l'œuvre de Picasso, génie de Malaga.
J'ai un faible pour cette peinture. "Femme au chapeau vert", 1939.
Réné Magritte, le peintre du surréalisme qui travaillait du chapeau inlassablement.
It's raining men! Hallelujah!
It's raining men! Amen!
I'm gonna go out to run and let myself get
Absolutely soaking wet!
It's raining men! Hallelujah!
It's raining men! Every specimen!
Tall, blonde, dark and lean
Rough and tough and strong and mean
René Magritte, "Golconde", 1953.
Cette "pluie" d'hommes au chapeau melon, vêtus de gris foncé, est devenue une métaphore de la condition humaine au XXe siècle, le symbole de la perte d'identité individuelle et de la banalité monotone du quotidien.
Vraiment le plus créatif des surréalistes, sa vie est une œuvre, ou devrais-je dire un manifeste. à la fantaisie.
Giorgio de Chirico "Autoportrait", 1954
Chirico est principalement connu pour ses peintures métaphysiques, réalisées entre 1909 et 1919. Ces rendus mélancoliques de places de ville peu éclairées avec de longues ombres et des passerelles vides, profondément ancrées dans le surréalisme, elles ont influencé André Breton, Salvador Dalí ou René Magritte.
Quand de Chirico abandonne le style métaphysique, il retrouve la peinture traditionnelle, comme avec ce truculent autoportrait. Les surréalistes ont alors critiqué publiquement ce développement anti-moderne, Chirico a alors rompu avec le groupe surréaliste.
Magnifique Kees van Dongen avec cette lithographie "Le Coquelicot", réalisée en 1960 pour une exposition à Albi.
"Femme assise avec chapeau", Pablo Picasso, 1961, Kunsthaus Zurich
Roy Lichtenstein très inspiré par Fernand Léger. Hommage.
René Magritte, "Le Pélerin", 1966
Parfait pour ma série chapeaux, qu'il est beau ce galure dans ce "portrait présumé de Winston Churchill en peintre" par Eduardo Arroyo, de 1975, période sublime de la Figuration Narrative.
En 1976, Gérard Gasiorowski invente l'AWK, "l’Académie Worosis-Kiga" anagramme de son nom. Gasiorowski n’apparaît que comme observateur dans cette Académie qui reçoit ses statuts, ses ordres et est placée sous l’autorité absolue du professeur Arne Hammer.
Hammer fonde sa pédagogie sur l’humiliation et la mortification, infligeant aux élèves artistes une cure de dépersonnalisation en imposant un unique exercice ; la représentation du chapeau du professeur.
Puis c’est le professeur qui attribue les signatures des élèves, on retrouve les noms de François Morrelet, Christian Boltanski, Gilbert & George, Richard Serra ou encore Anish Kapoor et plus d'une centaine d'autres. Gasiorowski dénonce une collectivité qui, acceptant d’être véhiculée par le milieu de l’art, risque de sombrer dans un académisme primaire et un travail de production intense.
Gasiorowski "AWK"
Andy Warhol, "Ingrid with Hat", 1990.
Après le succès de la série Campbell's Soup au début des années 1960, Warhol déploie une série de portraits de stars de cinéma, dont Marilyn Monroe, Elvis Presley, Elizabeth Taylor et Ingrid Berman.
La série Ingrid Bergman inclut trois sérigraphies de l'actrice oscarisée en 1983. Warhol la présente telle que dans le film "Casablanca" de 1942 (œuvre présentée ici), dans le film "La cloche de Sainte-Marie" de 1945 (La nonne), ainsi qu'une photo publicitaire (Elle-même).
Gérard Gasiorowski, "Les chapeaux de l'Académie Worosis-Kiga". 1976-1982
John Baldessari, "Two Profiles, One with Nose and Turban; One with Ear and Hat, from Noses & Ears, Etc.", 2006
Jacques Monory, "Roman photo", 2008.
Dans la figuration narrative, il reste un des plus importants, avec maintenant les collectionneurs et musées américains qui lorgnent sur ses plus belles toiles.
Alex Katz "Black Hat", 2010.
La plus délicieuse, charmante, élégante tant physiquement que moralement.
Audrey Hepburn dans "My fair lady". Ce film aux huit Oscars est d'une extravagance inouïe dans ses décors et costumes, il faut dire, ils sont signés Cecil Beaton !
Pour clore ma série Chapeaux, cette toile de Fernand Léger que mon grand-père a toujours gardée sur ses murs puis qui est entrée au Centre Pompidou grâce à ma famille. Elle figurait dans la remarquable exposition Charlie Chaplin organisée par le musée d'Arts de Nantes où a été prise cette photo.