.Figuration Narrative - Eduardo Arroyo
Eduardo Arroyo est un peintre, sculpteur et décorateur de théâtre espagnol. Il est né en 1937 dans une famille bourgeoise de Madrid. Son père est pharmacien, homme de droite et phalangiste.
Les derniers jours de Pompéi Madrid, 1969.
Six laitues, un couteau et trois épluchures, 1965.
Biographie.
Arroyo fait ses études au Lycée Français, puis à l'Ecole de Journalisme. En 1958, il quitte l'Espagne en opposition à Franco. Arrivé à Paris il abandonne le journalisme pour se consacrer à son art.
En 1960, il participe au Salon de la Jeune Peinture. Il se lie d'amitié avec l'artiste haïtien Hervé Télémaque, initiateur avec Bernard Rancillac du mouvement de la Figuration Narrative. Eduardo Arroyo participe en 1964 et 1965 aux expositions sur les nouvelles figurations organisées par le critique d'art Gérald Gassiot-Talabot (Mythologies quotidiennes, La Figuration narrative dans l’Art contemporain) et en peu de temps devient, en France, l’un des protagonistes essentiels de l’avant-garde figurative à fort contenu politique.
Activiste en mai 68, plus que jamais militant contre la politique de Franco, il est arrêté en 1974 sur le territoire espagnol, d’où il est expulsé. Il obtient en France le statut de réfugié politique. Après la mort de Franco, il renoue avec l’Espagne qui lui offre une reconnaissance officielle.
Son œuvre présente des périodes militantes, ou en tout cas violemment critiques, et des périodes familières, volontiers tendrement humoristiques. Les images du Pop Art si proches du monde de la publicité et de la presse, nourrissent son imagination si particulière qui a rendu si célèbres des séries comme celles de Mussolini, Franco et Hitler ou d’illustres figures de l’Église Catholique.
Après la mort de Franco, Eduardo Arroyo regagne l'Espagne, pays dans lequel il se sent désormais étranger. Il explore de nouveaux thèmes et personnages, notamment un boxeur, métaphore de l'artiste. Le retour de l’Espagne à la démocratie désamorce la dimension contestataire et accusatrice du propos pictural d’Arroyo.
Depuis 1969 il collabore avec des metteurs en scène, en particulier avec Klaus Michael Grüber, à la realisation de décors de théâtre. Eduardo Arroyo travaille également avec d’autres matériaux (collages, sculpture, céramique, lithographie, gravure) ce qui lui permet de revenir à la peinture à l’huile avec davantage de force.
Dans les années 1980 ses toiles manifestes sont peintes de couleurs tres vives, en aplats. Il est l'auteur de deux récits : En 1982, Panama Al Brown (Boxeur champion du monde soutenu intimement par Jean Cocteau) et en 1989, Sardines à l'huile.
En 1997, le Musée Olympique de Lausane expose, en même temps que ses tableaux consacrés à la boxe, sa "Suite Senefelder" and Co constituée de 102 estampes réalisées à partir d’images abandonnées, en hommage à Aloys Senefelder. Le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid présente en 1998 la première exposition anthologique de l’oeuvre d’Eduardo Arroyo.
En 2003 et 2004 l’exposition itinérante du cycle "Arte español para el extranjero" montre ses toiles en Hongrie, Roumanie, Russie et au Luxembourg.
Homme à multiples facettes, Arroyo déploie son talent dans des domaines aussi divers que la dramaturgie, la scénographie, la céramique et l’écriture. C’est en ce sens que rien n’échappe au regard perspicace de ce conteur contemporain.
En 2017, la Fondation Maeght lui consacre une importante rétrospective, qui sera sa dernière grande présentation publique. L’artiste s’éteint dans sa ville natale de Madrid en octobre 2018 ; il était âgé de 81 ans.
Aujourd’hui, son travail se trouve dans les collections des plus importants musées, comme MoMA de New York, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, Hirshhorn Museum de Washington, D.C. et du musée des beaux-arts de Bilbao.
Exposé au printemps 2021 à la Richard Taittinger Gallery de New York dans l'exposition Narrative Figuration.
Robinson Crusoe, 1965.
Arroyo par Jean-Luc Chalumeau
Eduardo Arroyo, né et mort à Madrid, 1937-2018, fut d’abord un journaliste militant antifranquiste. Obligé de se réfugier en France en 1958, il s’installe à Paris et rejoint le salon de la Jeune Peinture qu’il contribue largement à politiser radicalement.
En 1965, il réalise avec Gilles Aillaud et Antonio Recalcati une suite de huit tableaux dénonçant le rôle à ses yeux pernicieux de Marcel Duchamp présenté comme otage au service du capitalisme. Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp créa un choc. L’œuvre est installée aujourd’hui au musée Reina Sophia de Madrid. Elle a été prêtée en 2002 à la critique britannique Sarah Wilson pour son exposition Paris, capitale des arts 1900-1968, à la Royal Academy of Arts de Londres. Vivre et laisser mourir… conçue par le seul Arroyo et réalisée à six mains est en effet considérée comme une œuvre emblématique de la Figuration narrative.
Un tableau lui aussi très connu, présent à l’exposition de New York, Six laitues, un couteau et trois épluchures (1965) s’attaque insidieusement à l’image de Napoléon Bonaparte, personnage évidemment détesté par l’espagnol révolutionnaire Eduardo Arroyo.
Les derniers jours de Pompéi Madrid, 1969.