Archives - Miró et Yoyo - Surréalisme - Magistrature
Que de souvenirs dans cette photo. Je suis cette petite fille de 7 ans qui écoute sagement ce que me dit le délicieux Joan Miró. C'est à Saint-Paul, un jour ou Duke Ellington était venu, avec ses musiciens, pour jouer sous le soleil, pas de public, juste mon grand-père, Miró et les enfants.
Image sans époque ! J'adore la tunique de Miró, avec ses doubles boutons au col. Maman avait un chic pour nous habiller, plutôt sobrement pour l'époque, T-shirt blanc qu'elle faisait venir des USA et mocassins. A l'école on se foutait de nous, les autres étaient en rayures orange et marron et sandales à grosses lanières. Aujourd'hui, je suis encore plus ravie du choix de Maman.
Joan Miró était pour moi comme mon "oncle" préféré.
J'ai 7 ans sur cette photo et nous sommes à la Fondation Maeght où Duke Ellington est venu, un après-midi. La douceur, la bienveillance, l'attention sont lisibles dans le regard que Miró pose sur moi. Sa gentillesse me permettait de lui poser mille questions, sans crainte, sans hésitation. Il m'a guidée dans l'aventure de l'art et à favorisé le développement de ma passion pour toutes les formes de création.
Après 14 années de magistrature, je tenais ma toute dernière audience au Tribunal de Commerce de Paris en tant que Présidente de la 12e Chambre, chambre de "Traitement des difficultés des entreprises", c'est à dire en charge des redressements et des liquidations judiciaires. Souvenirs souvenirs… J'avoue avoir réussi à restructurer et donc sauver de nombreuses entreprises. C'était un challenge pour moi comme pour les juges de ma chambre auxquels je confiais les affaires.
J'ai consacré, chaque semaine durant 14 années, une journée d'audience, une nuit d'analyse des dossiers et de rédaction des jugements et ce bénévolement. J'y ai beaucoup appris sur la gestion des entreprises, des salariés et des difficultés d'entreprendre, mais aussi sur la nature humaine.
Le groupe des Surréalistes, Paris, 1930.
De gauche à droite Tristan Tzara, Paul Éluard, André Breton, Hans Arp, Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, Rene Crevel, Man Ray.
J'adore, car leur excentricité est dans leurs œuvres, dans leur pensée, alors qu'ils sont tous bien proprets, chemise, cravate. Dali et Ernst sont vraiment deux très beaux mecs, ça ne gâche rien, non ?
De gauche à droite Tristan Tzara, Paul Éluard, André Breton, Hans Arp, Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, Rene Crevel, Man Ray.
J'adore, car leur excentricité est dans leurs œuvres, dans leur pensée, alors qu'ils sont tous bien proprets, chemise, cravate. Dali et Ernst sont vraiment deux très beaux mecs, ça ne gâche rien, non ?
Miró au travail, intensité ! Extrait de "La Saga Maeght"
"Pour Miró, mon père aménage le dernier étage de l'imprimerie, sous les toits. L'artiste en fait son atelier parisien. Il sera le plus prolixe des artistes : toutes les techniques l'intéressent, tous les formats, tous les supports. Papa lui fait découvrir la gravure au carborundum, Miró est emballé ! …/… Avec cette technique, le papier est comme sculpté et trouve une troisième dimension. Il faudra plusieurs volumes du catalogue raisonné des gravures et lithographies originales de Miró pour compiler toutes les merveilles sorties des presses d'Arte, plus de mille titres d'estampes du génie catalan…/… Moi, j'adore y traîner [dans l'imprimerie ARTE] , les ouvriers m'aiment bien, petite, je ramasse des chutes de papier pour faire des pliages ou dessiner. Je regarde, émerveillée, les feuilles vierges, immenses, s'engouffrer dans les presses litho surdimensionnées, la feuille est comme aspirée par ces énormes cylindres de métal, vite, je cours au bout de la machine, la feuille ressort riche d'un sublime Miró rouge, pour être de nouveau engloutie, un autre passage dans la machine, le bleu s'ajoute, puis le jaune... C'est magique ! Les ouvriers sont juchés à plusieurs mètres au-dessus du sol, comme de fiers capitaines de navire. Toujours vigilants, ils prennent garde que je ne me fasse pas happer une main par ces mécaniques monstrueuses."
"Pour Miró, mon père aménage le dernier étage de l'imprimerie, sous les toits. L'artiste en fait son atelier parisien. Il sera le plus prolixe des artistes : toutes les techniques l'intéressent, tous les formats, tous les supports. Papa lui fait découvrir la gravure au carborundum, Miró est emballé ! …/… Avec cette technique, le papier est comme sculpté et trouve une troisième dimension. Il faudra plusieurs volumes du catalogue raisonné des gravures et lithographies originales de Miró pour compiler toutes les merveilles sorties des presses d'Arte, plus de mille titres d'estampes du génie catalan…/… Moi, j'adore y traîner [dans l'imprimerie ARTE] , les ouvriers m'aiment bien, petite, je ramasse des chutes de papier pour faire des pliages ou dessiner. Je regarde, émerveillée, les feuilles vierges, immenses, s'engouffrer dans les presses litho surdimensionnées, la feuille est comme aspirée par ces énormes cylindres de métal, vite, je cours au bout de la machine, la feuille ressort riche d'un sublime Miró rouge, pour être de nouveau engloutie, un autre passage dans la machine, le bleu s'ajoute, puis le jaune... C'est magique ! Les ouvriers sont juchés à plusieurs mètres au-dessus du sol, comme de fiers capitaines de navire. Toujours vigilants, ils prennent garde que je ne me fasse pas happer une main par ces mécaniques monstrueuses."